"Entre dans la joie" - Pastorale des personnes handicapées
Publié le 26/10/2023Ce service a commencé pour Francine et Hubert, il y a douze ans, grâce... à la danse folklorique. Durant un repas organisé par la présidente du club local, le Père Mathias s’est tourné vers eux deux et leur a lancé ce défi : rencontrer toutes les semaines les personnes handicapées de l’EPDA [Établissement Public Départemental Autonome] du Glandier, pour les accompagner dans leur foi. Pour Hubert, policier à la retraite, élevé dans la foi mais n’allant pas à la messe, c’est un « sacré défi » qu’il relève avec joie. Francine, paroissienne de Pompadour (devenue aujourd’hui la responsable diocésaine de la Pastorale des personnes handicapées), accepte aussi. Depuis, le père Eurico a pris la suite du père Mathias, et ces trois personnes constituent le noyau de l'équipe, auquel s'adjoignent des aides ponctuelles : Geneviève la femme d’Hubert, Jean-Pierre, Lynda.
Tous les mercredis, cette équipe se retrouve d’abord à midi pour manger ensemble « afin d’avoir le temps de construire une fraternité ». Car ensuite, il faudra être entièrement disponibles. Hubert part un peu avant la fin pour aller chercher Fayez, un résident au foyer de vie de Lubersac, afin qu’il puisse rejoindre le groupe au foyer de vie à Pompadour. Avant la vente de la chartreuse du Glandier, ce lieu regroupait tous les services d’accompagnement des personnes handicapées du secteur. Depuis deux établissements, Pompadour et Lubersac, ont été alors construits et celui de Vigeois a été étendu. Les résidents ont ensuite été répartis suivant le niveau d’accompagnement nécessaire.
Quand nous arrivons ensuite au foyer de vie de Pompadour, les résidents attendent devant l'entrée les bénévoles, de pied ferme. Ceux-ci sont à peine sortis de la voiture qu'ils sont accueillis avec de grands sourires : on demande et on donne des nouvelles. « Ce service, c’est vraiment de la joie, nous avait prévenu Hubert, ils sont contents de nous voir et nous sommes contents de les voir. » « Ils vivent dans l’instant, ils sont heureux » confirme Jean-Pierre.
Après s’être installés dans une salle et avoir échangé des nouvelles, débute ce groupe de prière inhabituel. « Mon rôle principal, c’est de les faire chanter » nous assure le père qui prépare chaque semaine un feuillet à cet effet. Les chants chrétiens s’enchaînent, repris avec joie par les résidents. « Certains ont une vie intérieure profonde , continue le Père, que l'on pourrait qualifier de vie mystique. C’est la foi des innocents. »
L’Évangile du dimanche suivant est ensuite lu, puis commenté de façon simple par le Père, en dialogue avec les résidents. Puis, vient le temps du coloriage d’une scène en rapport avec l’Évangile. Le temps se termine par une dernière prière, pour porter toutes les intentions exprimées auprès de Dieu.
Gilles Texier
Avec l'aide de Germain et de l'abbé Mathias Bahillo (qui le remplace ponctuellement), l'abbé Jean-François Barlier accompagne les résidents du foyer de vie de Vigeois.
Quels sont les temps que vous vivez avec ces personnes handicapées ?
Abbé Jean-François Barlier – Je les retrouve toutes les semaines. C'est une catéchèse qui n'a rien à voir avec celle que l'on fait avec des enfants. C'est l'Évangile du dimanche suivant, simplifié, aménagé, avec un grand dessin qu'ils colorient. Cela permet de susciter des questions. Tout simplement aussi, il faut passer du temps à s'intéresser à leur vie. Pour eux, dire qu'ils ont eu un peu de grippe, c'est très important. Donc on écoute. J'ai la chance d'être accompagné par un laïc Germain qui fait un travail extraordinaire, tout en étant extrêmement discret et disponible.
Quel type de spiritualité ces personnes vivent-elles ? Quelle est leur relation à Dieu ?
Leur relation à Dieu est à leur façon : le signe de croix peut être à l'envers ou même en pagaille. Il y en a qui ne peuvent pas s'empêcher de parler au bout de trente secondes. Le chant est très simplifié. Mais nous prenons le temps de dire : « Jésus nous aime », tout simplement. Ils n'ont pas besoin d'autre chose. La grandeur et l'amour de Dieu dépassent tout cela. Chez eux, il y a une immense joie de vivre ; chaque instant se suffit à lui-même.
Comment se passe l'accès aux sacrements ?
Une fois par mois, nous allons à l'EHPAD de Vigeois pour vivre la messe avec les personnes retraitées. Maintenant le courant est passé avec les résidents de l'EHPAD, des amitiés sont en train de naître. Cette messe est un peu compliquée à organiser parce que cela mobilise du personnel, mais ils sont vraiment heureux de participer. C'est un temps de joie et d'espérance. Pour eux, l'accès aux sacrements se vit donc simplement, au travers de l'eucharistie. C'est surtout l'accès à la prière, au silence de la prière, qui est difficile pour eux. J'insiste un petit peu pour avoir un temps de silence – même une minute – pour intérioriser.
Comment êtes-vous arrivé à accompagner ce type de personnes ?
C'est tout simple. Un jour, on m'a dit : il faut que tu ailles à la Cellette [centre hospitalier près d'Ussel] pour accompagner les malades. À la Cellette, c'est très compliqué, bien plus qu'à Vigeois, parce que c'est une structure psychiatrique, avec des cas extrêmement lourds. J'y ai découvert une immense forme de pauvreté, de simplicité mais en même temps une proximité de l'Évangile telle que ma foi a cheminé. Ils ont cette force vive de nous rappeler la force de l'Évangile