Bonne Année ! Dans une dynamique de la solidarité
À l'aube d’une nouvelle année, il est d’usage d’échanger des voeux, de se souhaiter la « bonne année ». Se souhaiter mutuellement une « bonne année », ce n’est pas confondre le rêve et la réalité, mais, à l’instar des prophètes dans la Bible, témoigner de l’Espérance, dont le propre est justement de se réjouir avant l’heure, d’anticiper l’aurore au milieu de la
nuit. Les oracles des prophètes (nous avons entendu ceux d’Isaïe pendant l’Avent) font le grand écart de l’espérance, du futur vers le présent, parce qu’ils croient que Dieu nous ouvre toujours un avenir et que celui-ci se conjugue déjà au présent. Ce n’est pas une utopie. Souhaiter du bien aux autres, c’est, dans la foi (la foi, « substance des biens espérés » (Hb 11, 1), permettre au futur de s’inviter dans le présent1!
C’est dans cet esprit que je vous souhaite, chers frères et soeurs, une bonne et sainte année 2021!!
Comme chaque année, le Secours Catholique a publié son rapport statistique annuel sur l’état de la pauvreté en France. Il aborde un sujet essentiel : le budget des ménages. À partir des personnes rencontrées par les équipes. L’analyse porte sur 3 000 ménages. Elle révèle que plus des deux tiers de ces ménages vivent sous le seuil d’extrême pauvreté. Plus de 4 ménages sur 10 sont dans l’incapacité de couvrir leur dépense alimentaire quotidienne. Et 23 % sont même sans ressources en 2019. Ces quelques données chiffrées parmi les nombreuses que détaille le rapport témoignent d’une situation de la pauvreté toujours en augmentation dans notre pays. Qu’en sera-t-il en 20201 ? L’épidémie du coronavirus,
avec ses nombreuses conséquences sanitaires et socio-économiques, entraînera forcément une aggravation de la précarité désormais endémique. À la lecture du rapport, je retiens les éléments suivants, qui doivent nous rendre attentifs à ce qui peut se passer tout près de nous :
- La précarité et l’isolement des personnes âgées. De plus en plus de personnes âgées sont concernées par l’isolement social. Et ce n’est pas un hasard si leur nombre augmente dans les accueils du Secours Catholique. Dans ma lettre pastorale « Ne les laissez pas seuls », j’ai invité les Communautés locales et les Écoles catholiques à
prendre des initiatives pour visiter les personnes âgées isolées. Le dossier de ce numéro d’Église en Corrèze traite de ce sujet. Je renouvelle à nouveau ma demande aux Équipes d’Animation Pastorale de mettre en route une dynamique paroissiale de « visitation » des personnes âgées isolées, à domicile ou en EHPAD. C’est une urgence de notre
temps!
- La précarité des mères isolées. Elles représentent près d’un quart des ménages rencontrés dans les accueils du Secours Catholique. 60 % sont de nationalité française et 40 % de nationalité étrangère. Leur âge médian est de 39 ans. La moitié d’entre elles ont plus de deux enfants. La moitié d’entre elles ont un niveau inférieur à 600 3€ / mois. Comment pouvons-nous dans nos paroisses nous rendre davantage attentifs à cette réalité1? Pourquoi ne pas proposer que des grands jeunes de nos lycées ou de nos aumôneries paroissiales consacrent quelques heures de soutien scolaire pour les enfants de ces mères isolées (dans le cadre d’un patronage ou d’une autre structure), car un certain nombre est en situation d’échec scolaire ?
- La précarité des couples avec enfants. Les couples avec enfants représentent 223 % des ménages rencontrés par le Secours Catholique. Ce sont majoritairement des étrangers (63 %) qui vivent sous le seuil d’extrême pauvreté. Dans plusieurs paroisses, je sais que des chrétiens viennent en aide à ces familles. Mais il y a sûrement des initiatives nouvelles à faire germer. Je suis à la recherche d’une personne ou d’un couple pour prendre en charge la responsabilité diocésaine de la pastorale des migrants…
+ Francis BESTION,
Votre évêque