La fête de Pentecôte
La Résurrection du Christ, que célèbre solennellement la liturgie de la Vigile pascale et celle du jour de Pâques, a inauguré un jour absolument nouveau. C’est pour cela que les Pères de l’Eglise l’ont appelé le « huitième jour ». En effet, les sept jours de la première création, défigurée par le péché, aboutissent à ce nouveau jour et y trouvent leur accomplissement.
Pour que la joie de ce jour « nouveau » puisse se prolonger, l’Église, dès le IIe siècle, a choisi de faire durer la célébration pascale pendant cinquante jours. Cette période, appelée « bienheureuse cinquantaine », était considérée comme vraiment festive dans son ensemble, à l’instar du dimanche de Pâques. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Les Normes universelles de l’année liturgique le précisent/ : « Les cinquante jours à partir du dimanche de la Résurrection jusqu’à celui de la Pentecôte sont célébrés dans la joie et l’exultation, comme si c’était un jour de fête unique, ou mieux ‘un grand dimanche’ ».
Le quarantième jour de cette Cinquantaine pascale, on célèbre, conformément à la chronologie de l’évangile de saint Luc, la solennité de l’Ascension. Ce mystère de l’entrée de Jésus
ressuscité dans la gloire céleste, auprès du Père, est partie intégrante de son mystère pascal. Le Jésus qui nous sauve intégralement, selon le dessein de Dieu, n’est pas seulement le Jésus de Noël et de la Croix, mais le Christ ressuscité et glorieux, constitué Seigneur par le Père, dans le plein exercice de son Sacerdoce. Le mystère de l’Ascension est l’inauguration du Règne universel du Christ et de son pouvoir sur le Cosmos tout entier, jusqu’à son retour à la fin des temps où il récapitulera tout en lui.
La prière d’ouverture de la messe de la veille de la solennité de Pentecôte dit que « la révélation du mystère pascal s’accomplit avec le jour de la Pentecôte ». Et la préface de cette solennité clôturant le temps pascal nous enseigne que l’Esprit-Saint a été répandu et « a donné à tous les peuples, au commencement de l’Église, la connaissance du vrai Dieu, afin qu’ils confessent chacun dans sa langue une seule et même foi ». Il y a donc une profonde unité du mystère des « cinquante jours » que le deuxième Concile du Vatican a voulu rétablir. La solennité de Pentecôte n’est pas une fête en soi, isolée du mystère de Pâques. Au contraire, ce dernier trouve son accomplissement total dans ce don de l’Esprit-Saint pour l’Église.
La prière d’ouverture de la messe du jour de Pentecôte commence par le mot « aujourd’hui » : « Aujourd’hui, Seigneur, par le mystère de la Pentecôte, tu sanctifies ton Église… ». La liturgie, en effet, est bien l’histoire du salut célébrée et continuée. La liturgie rend présent ce que Dieu a fait et qu’il accomplit encore et toujours pour le salut des hommes. Elle est "célébration-actualisation" du mystère pascal, du mystère du salut qui se fait histoire, et qui y est rappelé et revécu en plénitude. Si la célébration liturgique n’est pas signe de l’Esprit, elle n’est rien/ ! La véritable nature de la liturgie est vraiment d’être une épiphanie de l’Esprit. C’est par l’opération de l’Esprit-Saint que s’actualise la présence du Christ. Depuis l’incarnation du Verbe divin dans notre monde, la présence du Christ ne peut être séparée de celle de l’Esprit Saint.
On doit ajouter aussi que c’est toujours l’Esprit- Saint qui opère la cohésion entre le mystère célébré et notre vie. L’histoire du salut, qui s’est révélée dans la Sainte Écriture et s’est manifestée et accomplie dans le Christ – chemin, vérité et vie –, s’actualise dans la liturgie pour chacun des fidèles, mais l’histoire sainte doit être vécue par les personnes rassemblées dans l’unité de l’Esprit pour être célébrée, et on la célèbre pour la vivre !
+ Francis BESTION,
Votre évêque