« Une spiritualité de la solidarité globale » — Diocèse de Tulle

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« Une spiritualité de la solidarité globale »

Edito de l'Eglise en Corrèze - Novembre 2019

La solennité de Toussaint et, le lendemain, la commémoraison de tous les fidèles défunts manifestent l’union du Ciel et de la terre. Du Ciel, jaillissent les intercessions des saints en faveur de leurs frères et soeurs de la terre encore en chemin vers la Patrie céleste, alors que de la terre montent nos propres prières pour les défunts, ceux qui sont parvenus au terme du voyage, qui ont franchi la mort et qui sont encore en état de purification avant de pouvoir contempler la face de Dieu.

Ce va-et-vient de la prière entre le ciel et la terre, manifestant cette profonde solidarité qui s’appelle la communion des saints, nous ouvre à l’Espérance, nous fait aspirer à la vie éternelle, sans pour autant nous éloigner d’une autre solidarité, celle qui consiste à nous soucier de notre prochain, à vivre au jour le jour la charité fraternelle. C’est d’ailleurs ainsi que nous cheminons dans et vers la sainteté. Davantage qu’un état à atteindre, elle est un chemin à emprunter, dès ici-bas, grâce à l’aide que Dieu nous offre par l’exemple et la prière
des saints et saintes du Ciel.

Cette communion en Jésus-Christ, qui nous unit aux saints et aux défunts, elle s’étend aussi, d’une certaine manière, à tout le cosmos. Dans le Credo, nous nous adressons à Dieu, le Père Toutpuissant, créateur de l’univers visible et invisible. A la fin des temps, comme le dit saint Paul, TOUT sera récapitulé dans le Christ.

Avec cette « toile de fond » où la terre et le ciel sont, en Jésus-Christ, mystérieusement unis, nous ne courrons pas le risque – aujourd’hui bien réel – de faire de l’écologie en cessant de « penser aux fins de l’action humaine » (Pape François, Laudato si, 61). Nous comprenons ainsi que la fin des autres créatures dans le monde, ce n’est pas l’homme, ce n’est pas nous ! « Elles avancent toutes, avec nous et par nous, jusqu’au terme commun qui est Dieu, dans une plénitude transcendante où le Christ ressuscité embrasse et illumine tout » (n. 61). Dire cela ne signifie pas qu’on doive, comme le font certains, nier toute prééminence à la personne humaine et en venir même à « mener une lutte en faveur d’autres espèces que nous n’engageons pas pour défendre l’égale dignité entre les être humains » (n. 90). En fait, comme le répète souvent le pape, « TOUT EST LIÉ » ! « On ne peut pas envisager une relation avec l’environnement isolée de la relation avec les autres personnes et avec Dieu » (n. 118) : « quand on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur d’un pauvre, d’un embryon humain, d’une personne vivant une situation de handicap, on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même » (n. 117).

Dans la communion avec les saints et les défunts, dans la relation de solidarité entre humains ici-bas, dans les relations de divers ordres avec les autres créatures et l’environnement, nous sommes appelés, parce que « tout est lié », à « mûrir une spiritualité de la solidarité globale qui jaillit du mystère de la Trinité » (n. 240). A la fin, nous nous trouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu ! Alors nous comprendrons en profondeur le mystère du Cosmos qui participera avec nous à la plénitude éternelle. Dans cette plénitude de l’éternité, chaque créature, transformée, transfigurée, trouvera sa place. Pour le moment, nous cheminons, avec le désir de prendre en charge « cette maison commune » qui nous a été confiée, les pieds sur terre et les yeux levés vers le Ciel, dans l’Espérance, dans la joie de l’Espérance !


+ Francis BESTION
Evêque de Tulle

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