11ème dimanche du Temps ordinaire – B - 13 juin 2015 — Diocèse de Tulle

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11ème dimanche du Temps ordinaire – B - 13 juin 2015

Célébration avec les personnes handicapées à Meymac

Frères et sœurs,

les paroles que Jésus adressait à ses disciples et aux foules de la Palestine qui venaient l'écouter sont précieuses pour nous aujourd'hui. Elles n'ont pas vieilli, car la Parole de Dieu ne vieillit pas – sa jeunesse est éternelle. Jésus parlait en paraboles pour se mettre à la portée de ses auditeurs, dans une société rurale, proche de la nature. Les images de la semence, de l'herbe, de l'épi de blé ou celle de la graine de moutarde étaient très concrètes pour des gens habitués au travail de la terre. Aujourd'hui, ces images sont sans doute moins familières à beaucoup de nos contemporains, des citadins, qui ne vivent pas au contact de la nature. Mais la réalité de foi à laquelle elles renvoient reste bien sûr la même qu'il y a 2000 ans. Il s'agit du Règne de Dieu à l'œuvre dans le monde. Le Règne de Dieu, son œuvre dans les cœurs, n'est pas quelque chose d'immédiatement visible et palpable. C'est une réalité qui n'est perceptible que grâce à la foi. Saint Paul explique cela aux chrétiens de la communauté de Corinthe qui se demandaient probablement, comme nous, comment avoir la certitude que le Seigneur agit dans nos vies, dans le monde, alors que nous ne le voyons pas et qu'il peut nous sembler si loin et si étranger à notre vie quotidienne.

"Nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision", leur dit l'Apôtre, mais "nous gardons toujours confiance".

Le paysan qui, à l'automne, sème le grain de blé n'en verra le fruit qu'à l'été. Entre temps, il y aura la lente germination pendant l'hiver, puis la poussée progressive de l'herbe qui produira l'épi. Il faut la patience et l'espoir que la terre produira son fruit, que la semence aboutira un jour à la moisson.

Dans notre monde marqué par la science et la technique, maintenant aussi par la communication en temps réel avec ceux qui sont à l'autre bout du monde, les hommes ont perdu la capacité d'attendre ; ils veulent voir des résultats immédiats et concrets. C'est vrai dans tous les domaines – la médecine, l'économie, le politique, la cuisine même…). On veut l'efficacité immédiate, la production rapide, la sécurité absolue ; on veut des résultats visibles tangibles, ici et maintenant. Nous sommes devenus impatients, terriblement exigeants. Imprégnés par le matérialisme ambiant, façonnés par le consumérisme, embarqués dans l'accélération croissante des rythmes de vie, il n'est pas étonnant que nos contemporains (et peut-être nous-mêmes) perdent le sens du mystère.

Le sens du mystère c'est la certitude que nous procure la foi : Dieu est à l'œuvre dans nos cœurs, dans l'humanité, dans le monde que son Esprit travaille secrètement à la manière d'un ferment, son Esprit qui agit comme il veut, quand il veut et où il veut. Le sens du mystère, c'est croire et espérer en des réalités invisibles, non immédiatement tangibles, mais pourtant bien réelles. Le sens du mystère, c'est la confiance que celui qui se donne et s'en remet à Dieu par amour – comme la graine est remise à la terre – sera certainement fécond en son temps et en son heure. Le sens du mystère, c'est avoir la conviction que Dieu peut agir en toutes circonstances, même au milieu des échecs, même au milieu des épreuves qui sont le lot de la condition humaine.

Frères et sœurs, nous sommes invités à raviver notre foi à l'Evangile qui dit que le Règne de Dieu est déjà présent dans le monde et qu'il se développe de diverses manières, comme une petite semence qui peut grandir jusqu'à devenir un grand arbre. Ce grand arbre c'est d'abord celui de la Croix du Christ, plantée sur le monde ; à l'ombre de ses branches, les hommes et les femmes de tous les peuples peuvent trouver une place.

Les disciples que nous sommes doivent pouvoir reconnaître, dans l'Espérance, l'action secrète de Dieu au cœur du monde et s'en faire les témoins. Parce que nous avons connaissance de la fécondité cachée du mystère du Christ, nous croyons aussi que c'est dans notre propre faiblesse, dans nos handicaps, nos fragilités que peut, paradoxalement, se manifester la puissance d'un Dieu qui sauve.

Que l'Esprit-Saint nous ouvre à son action et nous rende forts et courageux pour témoigner de l'Espérance du Règne de Dieu. Amen.

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