Vendredi saint 10 avril 2020 - Office de la Passion — Diocèse de Tulle

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Vendredi saint 10 avril 2020 - Office de la Passion

Oratoire de la Maison diocésaine (en raison du confinement sanitaire)

Frères et sœurs,

La liturgie du Vendredi saint est dépouillée, elle est sobre à l’extrême. Pas de chant d’entrée, pas de chant de sortie ; l’autel est nu, pas de lumières, pas d’encens. Nos regards ne peuvent s’arrêter que sur la Croix. C’est elle qui est comme le point focal de cet Office de la Passion. « Ils regarderont vers Celui qu’ils ont transpercé », disait la prophétie de Zacharie. Et c’est bien tout ce que nous avons à faire.

Au centre de la célébration de ce jour, il y a la vénération et l’adoration de la croix : « Voici le bois de la croix qui a porté le salut du monde ; venez, adorons ! ».

Aujourd’hui, nous n’avons rien d’autre à désirer que de nous tenir au pied de la croix, que d’y demeurer, comme Marie, comme le disciple bien-aimé, comme les saintes femmes qui ont accompagné Jésus durant sa Passion.

Demeurer avec le Christ, devant le Christ en Croix, pour pénétrer le mystère de Dieu – mystère de l’Amour infini d’un Dieu qui descend dans notre misère – et pour pénétrer le mystère de l’Homme – l’homme pécheur, mais l’homme gracié, relevé, sauvé par Celui qui fait de sa vie et de sa mort une offrande, une oblation, un sacrifice, pour nous.

C’est ce « pour nous », que nous disons dans le Credo : « crucifié pour nous, sous Ponce Pilate ». Dans ces deux petits mots, « pour nous », placés au centre du Credo, est contenu tout le sens du mystère pascal du Christ. Jésus a pris sur lui ce qui nous revenait, accomplissant ainsi la prophétie d’Isaïe : « c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé ; c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé ». L’Apôtre saint Pierre, dans sa première épître, redit cela : « lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps, sur le bois, afin que morts à nos péchés, nous vivions pour la justice ; lui, par les meurtrissures duquel, vous avez été guéris ».

En regardant la croix, en demeurant auprès de la croix, chacun peut se dire : je comprends que, même si ce n’est pas moi qui, historiquement parlant, aie crucifié le Christ, ce n’est pas pour autant que je vaille mieux que Judas, que les grands prêtres, que la foule, que Pilate, que Pierre. Mais, au même instant, la croix me révèle que c’est pour mon salut que le Christ est mort et que mon propre péché ne m’accable pas, puisque Lui, Jésus, le Fils de Dieu, l’a pris sur lui pour me relever.

Chers amis, nous ne regardons pas la croix comme si nous étions devenus des sortes d’‘experts’ de la bienveillance divine, et comme si nous voulions nous rassurer à bon compte, en faisant semblant d’ignorer ou en occultant volontairement la pensée qu’il y a un prix de notre rachat, qu’il y a un prix élevé de la miséricorde divine – celui du Sang versé par le Christ pour nous les hommes et pour notre salut. Nous ne devons pas passer trop vite sur le caractère dramatique de la croix, à la manière dont notre monde occulte facilement la mort, parce qu’elle fait peur et que c’est toujours la mort des autres… Sur la croix Jésus expie nos péchés, et au nombre de ces péchés, il y a l’indifférence des hommes ; n’est-ce pas un des plus grands péchés de notre temps ?

Ce soir, en adorant la croix du Christ, nous pensons aussi à tous les souffrants et les mourants de tous les temps auxquels Jésus s’est identifié en souffrant sa Passion et en mourant sur la croix. Nous pensons à tous ceux et celles qui affrontent l’épreuve de la maladie, spécialement à ceux qui, dans des hôpitaux ou des Ehpad, luttent contre le coronavirus, à ceux qui sont en train de mourir et à ceux qui son morts, privés de la proximité de leurs proches. En embrassant la Croix du Christ, ce vendredi saint, nous embrassons en quelque sorte en lui tous les souffrants du monde et les portons dans notre prière.

Enfin, dans l’épreuve que nous traversons, que la Croix du Christ soit pour toujours notre force et notre espérance : « o crux ave, spes unica ! », « salut, ô croix, notre unique espérance ». Le Christ, dans sa gloire de Ressuscité, garde les plaies de sa crucifixion ; le Christ ressuscité est pour toujours celui qui a été crucifié. Sa croix reste, devant Dieu son Père, le grand signe de l’amour qu’il nous porte et de la vie qu’il veut pour nous. Amen.

 

 

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